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ToggleCe sera la dernière étape. 30 kilomètres faciles avec relativement peu de dénivelé.
L'étape en vidéo
Note d'étape
Par la rue des Marendes, vous rejoindrez le chemin de l’ancienne frontière des cartes IGN. Il vous mènera vers le nord jusqu’à un passage sous l’autoroute A9 au lieu dit « Les Tarrugues ». Continuez sur ce chemin jusqu’au lieu-dit « Les Estagnols ». Au point coté 12 soyez prudents pour traverser la D6009 et prendre en face la direction de « Les Fenals ». Vous serez sur un espace lagunaire récemment comblé (récemment pour les géologues) qui faisait du site de Leucate une île. Prenez à droite la D327 et 900 mètres plus loin, tournez à gauche pour prendre la D427. Vous passerez devant la gare, possible point de départ et d’arrivée de notre périple, tout comme la gare de Salses. Avec nous, vous serez bientôt à La Franqui. Par « la Gardiolle » et la carte que nous vous proposons vous arriverez à la Redoute de la Haute Franqui, un bâtiment militaire anciennement armé de canons capable de dissuader l’approche de vaisseaux. Il a été joliment restauré et offre un magnifique point de vue sur la côte. Un jour par temps sec, se détachant dans un bleu immaculé nous avons pu voir nettement le Mont Saint Clair qui domine Sète.
Vous prendrez à droite le beau chemin qui vous fera traverser le plateau de Leucate par ses vignobles. Vous vous dirigerez vers le Calvaire de la carte, partie supérieure d’un château qui a beaucoup évolué. Il fut un des fleurons de l’architecture militaire française mais miné, détruit et bouleversé par décision administrative il est dans l’état que vous découvrirez. Vous y trouverez Françoise de Cézelli et son héroïque résistance en des temps de fidélités chancelantes ou basculantes en faveur d’un roi de France protestant, relaps, quand les portes de Paris lui restaient fermées. De ce point haut vous dominerez l’étang et la mer. Vous verrez loin et vous imaginerez quelques galères catalanes ou barbaresques, des vaisseaux génois, quelques bâtiments anglais. Vous distinguerez au nord des amoncellements de sel. Les marais salants sont tout près. Le canal de la Robine arrive à Port la Nouvelle. Il est la porte du canal du midi, ouvrage stratégique longtemps, en particulier pour la marine royale de son temps qui était celui de Bon Repos, de Louis XIV et de Vauban.
Certains retrouveront à quelques pas dans le cimetière au sud du château de Leucate la dernière attache d’Henry de Monfreid.
Vous pourrez continuer jusqu’au phare ou jusqu’au sémaphore en vélo pour surplomber la plage de Leucate et tout le littoral roussillonnais. Au loin, on distingue le cap Béar avec son phare et son sémaphore. Le cap Creus est généralement visible. Des éoliennes sont en cours d’installation au moment où nous écrivons. Peut-être les verrez-vous tourner. Pour mieux éclairer votre lanterne sachez que sur ces mêmes falaises un projet de centrale nucléaire avait été avancé en 1973 ou 1974 pour profiter des eaux de refroidissement… du courant ligure entre le cap des frères et l’anse du paradis.
En suivant nos indications, vous prendrez la direction du premier grau avec les cabanes des ostréiculteurs. Vous le franchirez par un petit pont. Dégustez quelques mollusques s’ils vous mettent en appétit. Passez le port naturiste sur le fin cordon littoral, frontière du textile. Par une piste cyclable traversant une pinède improbable au bord de l’eau salée vous arriverez à la gendarmerie de Port-Leucate en franchissant le pont de la Corrège. Au parc aquatique, vous serez à la frontière de l’Aude et des Pyrénées Orientales qui correspond à celle de l’arbitrage de 1322 à Narbonne entre les rois de France et de Majorque.
Vous passerez devant le Lydia ensablé pour des destinations de rêve et vous arriverez aux baraques des pêcheurs du Port-Saint Ange si vous voulez rejoindre l’ancienne frontière de 1258, négociée entre Louis IX et Jacques Ier par quelques prélats représentants de fait du Pape. La plage sera accueillante. Goûtez à la mer. Écoutez-la dans un coquillage avec votre âme d’enfant. Elle vous dira une autre légende des siècles, celle d’ Almodis de la Marche, de ses trois maris et des fils de ses trois maris, celle de Munuza et Lampégie, celle d’Hannibal, César et Pompée, celle de Bélibaste et des Nyerros du seigneur de Banyuls oubliés. C’est là sans doute qu’a été trouvé un os du Babaou, visible longtemps à l’église Saint André et aujourd’hui à l’office de tourisme de Rivesaltes. Le monstre a effrayé des générations d’enfants de la contrée. Certains sachants (mot à la mode) prétendent que c’est l’une des trois côtes remontées d’un gouffre de Périllos par l’un de ses valeureux seigneurs après une lutte héroïque acharnée.
Nous avons fait le tour de cette frontière estompée, sans trop nous en éloigner en VTT. Son existence fut la conséquence d’une croisade lancée par Innocent III en 1204. Pour lui, il fallait éradiquer une hérésie et affirmer l’universalité de son pouvoir. Il y a eu beaucoup de bûchers et pas seulement à Montségur. Bernard d’Alion
, a été brûlé a Perpignan en 1258. Les cathares ont disparu avec Bélibaste. Les deux rois signataires du traité de 1258 ont voulu repartir en croisade vers l’Orient en 1269 et 1270. il fallait reprendre Jérusalem ! Saint Jean d’Acre tenait encore. Leurs deux aventures se sont terminées tragiquement dans la peste et le vent.
Mais les pierres des châteaux, celles des monastères, des prieurés et des églises, les croix d’Aragon et les fleurs de lis gravées demeurent dans une nature de toute beauté. Dans la diversité des paysages toujours changeants des fleurs ne demandent qu’à naître et renaître à tout instant. A vous de les découvrir, à vous d’aller les voir dans leurs écrins d’histoires et de légendes.
Bon retour à la maison avec, nous l’espérons, des illuminations plein les jambes, de belles histoires plein les rêves et l’envie de revenir par ici à la première occasion.