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Leucate – Le Barcarès

C’est pour une promenade tranquille de 17 km sur terrain presque plat, en suivant l’étang et une immense plage de sable fin au bord de la mer que vous êtes invités. Vous rencontrerez les adorateurs du vent au paradis du windsurf et des naturistes dans leur Eden, près d’Ulysse si vous abandonnez tout textile. Vous passerez sous l’ombre improbable de pins qui poussent entre deux étendues d’eaux salées et qui trouvent de l’eau douce pour leurs racines par un miracle de Dame Nature. Du pont qui domine le grau, vous aurez une belle vue sur les îles laissées aux oiseaux. Les montagnes se détachent à l’arrière plan, Corbières, Madres, Canigou. Un spécialiste de la limite de partage des eaux cherchera l’île de Vy, l’île des faisans locale occupée parfois par quelques flamants. Pour vous, quelques pas encore et vous franchirez la frontière de l’Aude et des Pyrénées Orientales, héritée d’un vieil arbitrage à Narbonne il y a de si nombreuses années. Depuis le plan Racine, les touristes ont envahi les territoires. A côté de cinémas, de Casinos, d’immeubles bas et hauts, il y a le Lydia ( un bateau grec récupéré au Pirée). Réaménagé, il sert d’hôtel, de boîte de nuit, de casino. Certains y ont le mal de mer. Effet psychologique ou excès de Tequila? Vous arriverez au monument à la mémoire des volontaires étrangers. Par milliers des réfugiés de 1939 à 1940 se sont engagés côté français pour poursuivre le combat contre la fascisme et le nazisme qui avaient fait tomber la République Espagnole. Il manquera peu pour arriver au Port Saint Ange qui canalise l’ancien grau, ancien exutoire des eaux de l’Agly, de Font Dame et de la Font Estremar. Il y a eu ici un fort aragonais. Les cartes du XIXème siècle y positionnent une batterie Saint Ange qui contrôlait l’entrée de l’étang. C’est là que vous trouverez les pêcheurs et leur poisson, à l’endroit exact où le premier point de la frontière avait été placé par Jacques Ier et Louis IX en 1258.  Il y a une plage magnifique à côté. Sachez en profiter

La carte et le dénivelé

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Niveau : Moyen

Distance : 17,2 km

Durée : 6 heures

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Fiche détaillée

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Note d'étape

Cette étape finira de vous faire traverser une ancienne île. Son nom sonne grec, Λευκάδα ,  Leucate / La blanche. Elle est reliée au continent au nord comme au sud par un large cordon littoral. Le courant ligure, la Tramontane, la Marinade, tout comme l’abrasion et l’arénisation du granit dans nos montagnes associés à de fortes crues ont contribué à le réaliser, à l’entretenir et à le consolider. Ce cordon aux dunes plus ou moins fixées a emprisonné un lac marin, espace lagunaire qui ici s’appelle communément étang. Des hommes ont profité de cet écosystème privilégié pour en tirer toutes les ressources possibles, pêche en mer à la bonne saison, pêche dans l’étang en toutes saisons, production de sel dans des marais salants aujourd’hui oubliés, interdits de production dans le nouveau territoire annexé du Roussillon après 1659 mais qui ont fait florès au nord de La Franqui. Cette décision qui a contribué à remplir les caisses de Paul Riquet, fermier général, a prolongé l’insécurité dans la région, maintenu un état de guerre (« Angelets de la terra» titre à retenir si vous voulez entendre Jordi Barre ou lire Jean Tocabens sur la guerre du sel) et donné un sursis d’activité aux Nyerros et autres contrebandiers sur des chemins par lesquels vous avez pu passer. La culture du blé et autres céréales a été maintenue et développée. L’olivier a résisté longtemps. Les amandiers, les oliviers, la vigne ont été des cultures prospères sur Leucate. En témoignent la production toujours actuelle de vin, mais aussi la présence des moulins. Le plateau a été parcouru par des troupeaux de moutons. Des canons de toutes sortes y sont parfois devenus menaçants. Dernièrement dans des Blockhaus.

Leucate après le traité de Corbeil a été un lieu de présence militaire renforcée, face à Salses. Son fort, au fil des sièges et des réaménagements avait trouvé avec le plan en étoile la parade aux armements de son époque. Ce ne sont pas les armées espagnoles ou des ligueurs qui en ont eu raison. C’est une décision politique française qui l’a fait sauter. Oubliée Françoise de Céselly et sa défense héroïque. Les forces disponibles devaient se déployer ailleurs sur une autre frontière plus au sud. Cette magnifique forteresse délaissée ne devait pas servir de tête de pont ou de cheval de Troie pour des ennemis intérieurs ou extérieurs. Le roi de France n’en a pas manqué! Les habitants de Leucate n’ont cependant pas oublié cette noble dame, maintenue gouverneure militaire par Henri IV devenu roi, quand Paris a bien valu une messe pour ce Bourbon. Même si le régime de Vichy a pu livrer sa statue pour qu’une armée d’occupation la transforme en canons ou munitions, elle n’a pas rendu les clefs de la ville. Sa main de bronze qui les serrait est restée à la mairie.

Le tour du plateau de Leucate vous ferait découvrir une ancienne redoute, un sémaphore, un très beau phare, des blockhaus, des montagnes de sel, le mont Saint Clair, une piste d’élan pour parapente, de belles tables… Mais direction le Barcarès, vous auriez besoin d’une journée supplémentaire ou plus si vous succombiez aux charmes de quelque fée! Aussi, en route au bord de l’étang, vous laisserez pour une exploration avec un groupe spéléo, la visite très technique des boyaux noyés de la grotte des fées. Des découvertes archéologiques ont permis d’affirmer qu’avant l’époque romaine, ce lieu était déjà un lieu votif comme tant de sources d’un monde souterrain. Des statues retrouvées sont visibles aux musées de Sigean et Narbonne. Le site a été classé par les monuments historiques en 1924.

Vous passerez près des parcs conchylicoles, laisserez à votre gauche un espace naturiste, traverserez une surprenante forêt de pins et franchirez le grand pont qui domine le grau. Il a été creusé profondément pour créer le port de Leucate. Il voit passer flux et reflux, même si ici les marées ne sont pas importantes. Ce passage a déstabilisé un temps l’écosystème de l’étang en augmentant la salinité et les prises, si nous en croyons les pêcheurs, ont été plus rares à Font Dame et autour du ruisseau de la font d’Estremar. Les coquillages, couteaux, clovisses, coques, ont été moins nombreux, Les pêcheurs se sont reconvertis: on y vend beaucoup plus d’huîtres et les camions frigorifiques de daurades et de loups bien élevés partent même à l’étranger.

Franchi le pont, vous serez vite dans les Pyrénées Orientales sur des terres récupérées un temps par le Roi de Majorque après un arbitrage rendu à Narbonne peu après 1320  avons-nous lu quelque part. Antérieurement elles appartenaient au Roi de France conformément au traité de Corbeil de 1258 qui fixait la limite entre le Grau Saint Ange et la Font d’Estremar. Aujourd’hui toutes ces terres (en fait surtout du sable) au nord comme au sud, sont occupées par les touristes, leurs maisons, les parcs de loisirs, les casinos, les boîtes de nuit. Il y a même un bateau échoué où l’on peut faire la fête, le Lydia, au nom qui lui aussi sonne grec. Des barques traditionnelles catalanes sont restaurées plus au sud dans un endroit que vous découvrirez bientôt grâce aux passionnés de la voile latine, à côté de la cabane d’un traître qu’a dû connaître ou payer Paul Riquet de Bon Repos. La toponymie en garde la mémoire de l’autre côté de l’étang. Vous y passerez bientôt.

Vous ne manquerez pas le monument qui honore la mémoire des volontaires étrangers, partis pour la plupart des camps des réfugiés espagnols de 1939 pour rejoindre les fronts côté français et se battre contre le nazisme et le fascisme qui avaient précipité la chute de leur république.

Enfin vous arriverez au port Saint Ange, à l’ancien grau du même nom. Le fort Saint Ange gardait la frontière d’Aragon. Il contrôlait entrée et sortie pour neutraliser un éventuel ennemi ou un probable contrebandier. Cet endroit a été l’exutoire des eaux de l’Agly, des résurgences de Font Dame et d’Estramar. Les baraques de pêcheurs un temps délogés y ont été reconstruites par la municipalité du Barcarès, mémoire et tourisme obligent. Elles marquent le terme de cette étape. Profitez du bon poisson que vous proposent tout près les pêcheurs dans leurs étals près des bateaux et des filets. Si le cœur vous en dit et s’il fait beau, la plage est tout à côté. Elle est à vous pour un bon bain.

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