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La randonnée d’aujourd’hui passe dans la partie sud du parc naturel régional de la Narbonnaise – Méditerranée sur des terres, des îles et des eaux tenues par les Sordons avant que les romains ne les soumettent ou les passent au fil de l’épée comme certainement à Pech Maho, tout proche.

La Via Domitia est venue faire le lien, non sans heurts, entre deux régions tenues par les légions de Rome, la Narbonnaise et la Tarraconaise par où étaient passés un peu avant Hannibal et ses éléphants. Une borne de cette voie plantée ici a peut-être laissé le nom de Fitou à ce village, votre point de départ aujourd’hui. Mais une borne signalant le passage du grand Hercule aurait-elle l’antériorité ?

Fitou possède un château médiéval qui a protégé la population, résisté quand les temps étaient menaçants, dangereux. Il a pu être convoité par un roi de Majorque, pris par un fidèle du Roi d’Angleterre, le Capdal de Buch en 1299 avons nous lu, par les huguenots, par les Espagnols. Ce sont surtout les habitants du village qui après 1840 en sont venus presque à bout, faisant du neuf avec du vieux, lui enlevant pierres, poutres et poutrelles pour construire leurs propres habitations. Une partie du château sauvée est aujourd’hui restaurée et peut vous accueillir.

Ce village possède une église qui porte la marque des templiers. Ils ont certainement possédé d’autres biens dans le secteur avant de les perdre tous après leur arrestation en France en1307.

Mais ce territoire est bien connu pour son A.O.C Fitou. Les vignes vous entourent, tout comme le thym et la lavande des garrigues. Son muscat de Rivesaltes vous fera apprécier comme à Llivia pour son pont ou sa forêt en limite d’Estavar l’esprit transfrontalier. Arnaud de Villeneuve, médecin, habile connaisseur des vertus des simples, ne nous renierait pas. Il avait su capter par ses connaissances de textes arabes alambiqués l’esprit du vin toujours agréable à partager, en toute civilité.

Mais c’est en direction de l’étang de Leucate et de Salses que vous allez cheminer. Vous atteindrez d’abord les cabanes de Fitou. Vous trouverez le chemin entre l’A9 et la D6009 qui passe près du Pech de l’Abelanet. Vous arriverez au lieu-dit, les Fenals, peut-être un ancien fort ou un point de contrôle pour la route du sel en temps de gabelle. Les marais salants de La Palme et de Port la Nouvelle ne sont pas loin. Une carrière de beau marbre non plus. Celles de gypse ne sont plus exploitées.  Les amateurs de char à voile retiendront qu’ils sont passés près des belles étendues de La Franqui et ils y reviendront.

Vous pourrez choisir le chemin des falaises par la redoute de la Haute Franqui, le sentier du Sémaphore, le phare. Du haut des falaises, vous dominerez la mer et serez peut-être surpris par le ballet de quelques parachutistes qui profitent des courants ascendants des brises marines pour jouer de l’équilibre des forces qui leur donne la possibilité d’accompagner les goélands dans leurs évolutions. Sans allonger trop votre parcours, vous arriverez au château par le sud.

Mais avec notre trace GPS nous vous proposons de continuer votre chemin en longeant l’étang. Vous passerez tout près d’un magnifique spot de planche à voile. Par la garrigue, les pins, avec l’odeur des algues ou le chant des cigales, vous arriverez au château malheureusement ruiné pour les amateurs de patrimoine. Ce château été pris par les troupes espagnoles. Il a pu résister aussi. La bonne étoile de son dernier plan n’a pas suffi face aux orientations budgétaires qui en ont eu raison. Ce sont des mines françaises qui ont tout fait exploser, bouleversé le paysage, tout renversé après le traité des Pyrénées. Seule la chapelle édifiée au pied de son antique tour de défense et de guet a été respectée. Elle vous réserve au pied de la croix un magnifique panorama à 360 degrés. Un plan laisse penser son évolution depuis la tour du Xème siècle jusqu’à la forteresse du XVIIème. Vous connaîtrez les pages glorieuses de ce lieu en découvrant la personnalité remarquable de Françoise de Céselly et de son action courageuse et héroïque face aux ligueurs appuyés par des troupes espagnoles en 1589 et 1590. Elle sera honorée par Henry IV, catholique depuis peu, qui maintiendra cette noble dame gouverneure militaire de la place.

Nous pourrions rappeler à ce niveau Almodis de la Marche. Ses ravisseurs arrivés par la mer auraient dû être aperçus par les guetteurs de Leucate et Narbonne et réagir pour protéger la Comtesse de Toulouse. C’était un temps ou Emir Musulman de Tortosa et Comte de Barcelone pouvaient être complices et Almodis ravie consentante pour un troisième engagement en attendant le mariage. En 1053, la reconquête tout comme les croisades n’étaient pas à l’ordre du jour et l’amour galant avait ses exigences. Elle a donné des héritiers à Raymond Berenguer Ier et joué un rôle important pour la maison de Barcelone.

Ceux qui voudront se souvenir d’Henry de Monfreid trouveront avec ses premières attaches à La Franqui, sa dernière demeure à Leucate. Son dernier bateau, Obock, se trouve dans le port de Canet en Roussillon. Ses livres sont dans toutes les bonnes bibliothèques et librairies ou dans vos mémoires. Sa biographie comme ses lignes vous entraîneront dans les soubresauts et les contradictions de son époque bien troublée en Europe comme sur des terres et des mers exotiques. Quelques lignes dans un livre récent de Francis Brunet sur des Saint Marinois partis tenter leur chance à Djibouti font état de ses activités

Vous êtes arrivés à Leucate, terme de l’étape. Profitez d’un bon plateau. Les huîtres ne manquent pas. Régalez-vous si vous les aimez. Un bon vin blanc saura les accompagner à deux pas de la plage où l’eau, de toute façon, est toujours bonne.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle