Toujours serrant au plus près l’ancienne frontière de Corbeil, vous partirez du site remarquable des Gorges de Gouleyrous. Certains essaient à la bonne saison de passer ces gorges à pied ou en nageant. Soyez très prudents si vous vous approchez. Les chutes de pierre surviennent parfois. Sachez que la baignade est interdite pour des raisons de protection de la nappe phréatique qui alimente en eau potable Vingrau.
Nous vous proposons de passer par le Pas de la Vaca et rejoindre le plateau calcaire qui domine la falaise de la Caune de l’Arago où l’on a fait de belles découvertes. Le musée de Tautavel en est une excellente vitrine. C’est un peu loin pour vos pieds pressés mais vous avez peut-être dormi tout près avec vos accompagnateurs. L’histoire du château de cette commune rappelle qu’il a été un point de défense important des comtes de Besalu, de Cerdagne, face aux comtes de Roussillon et d’Empuries avant d’être intégré au système de défense du Roussillon puis du Royaume d’Aragon. Il a été détruit, comme l’ancien village après 1659. Vous reviendrez un jour sur vos pas et vous visiterez ce site, comme la Torre del Far qui domine la plaine du Roussillon. Ce village, tout comme Vingrau limitrophe, dépendait du diocèse et de l’archevêché de Narbonne. Nous vous en avons précédemment dit un mot. Une borne dans la zone d’entraînement militaire appelée Pedra Dreta marquait la limite sud de cet archevêché. Aujourd’hui cette pierre est le point de jonction de 4 communes.
Attention sur le chemin, il y a de nombreux avens. La carte en signale. N’essayez pas de vous y faufiler. N’y revenez qu’accompagnés par des spéléologues si vous voulez accéder à ce monde souterrain.
Vous passerez près d’anciennes bergeries en ruine. Peu de troupeaux paissent sur ces espaces de garrigue et de falaises aujourd’hui. Il y a eu ici une intense activité pastorale qui soutenait la production textile quand les draps de Perpignan s’exportaient jusqu’en orient. Il y a toujours de la vigne qui pousse dans ces terrains arides. Vous y verrez des oliviers. Vous passerez à côté d’une plantation de chênes truffiers qui développent le précieux champignon en toute discrétion.
Des bornes faites d’amoncellement de pierres sèches jalonnent ce secteur. Il y en a bien visibles sur le Mont Genièvre. Elles sont plus faciles d’accès pour les sangliers que pour vous sauf si vous savez diriger des drones. Un universitaire qui a parcouru le secteur pu nous dire que certaines ont été endommagées par des chercheurs de trésors venus de Bougarach passé le canular du 12/12/2012. En perdant leur temps, ils ont malmené des jalons de l’histoire. D’autres jalons figurent dans la toponymie sous le nom de Piló. Vous les retrouverez sur la carte entre les départements de l’Aude et des Pyrénées orientales, France, Aragon ou Espagne d’un autre temps.
Vous apercevrez peut-être de loin le château d’Aguilar. Limite extrême des possessions des comtes de Bésalu et de Cerdagne, ce château a fini par revenir au roi de France suite à la croisade contre les albigeois et des arrangements avec Olivier de Termes, faydit un temps, croisé fidèle à Louis IX en d’autres. Le château a été remanié et ses architectes en ont fait une forteresse offensive mais qui n’a pas résisté à tout. Elle a été prise en 1387 par des routiers qui se servaient de ce point d’appui pour rançonner les marchands catalans et bien certainement commettre d’autres exactions dans le secteur. En 1543 le château a été investi par des troupes de Charles Quint alors en guerre contre celles de François Ier. Vous reviendrez vers ces lieux pour mieux les connaître.
Nous vous proposons de contourner le Mont Genièvre, de passer par Piló del coll de Ladas, de descendre vers l’Aiguera d’en Nyerro. Ce toponyme est un avertissement sur le possible passage des eaux. Il garde aussi la mémoire des hommes de main du seigneur de Nyer et de Banyuls, qui ont eu la haute main sur les trafics, la contrebande, le vol et la prise d’otages sur une vaste zone. Nous avons évoqué déjà Don Quichotte, évoquons à présent une bande rivale, les Cadells, dépendant du seigneur cerdan d’Arséguel. Leurs luttes pour la domination des trafics a pu faire des centaines de morts, comme au pont de Prades et en Cerdagne.
Passée cette zone propice à toutes les embuscades que parcourt un sentier non répertorié, où un sécateur pourra vous être utile, vous ferez rapidement la jonction avec le chemin qui figure sur les cartes et vous arriverez à Périllos terme de cette étape. Périllos a longtemps été un hameau désolé, menacé. Il a été le berceau de la famille de Perellos qui a donné des fidèles parmi les fidèles aux rois d’Aragon qui les ont chargés de missions délicates. L’exfiltration du dernier Pape d’Avignon, Pierre de Lune et son établissement à Peniscola en est certainement une. Cela a permis la fin, 19 années plus tard du grand schisme d’Occident. La visite du purgatoire de Saint Patrick en Irlande en est une autre pour laquelle il fallait avoir un grand sens de la diplomatie et de la psychologie, à l’aller et plus encore au retour. La famille s’est distinguée en bien d’autres occasions, sur terre comme sur mer, en Roussillon comme à Malte où un grand maître, après bien des combats, a trouvé une sépulture aux trois poires, symbole de ses origines.
Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan. (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)
(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)
précisions Michel Grosselle