Retour à la fiche étape

Ce parcours démarrera en milieu karstique sur une zone de fracture et de chevauchement des plaques tectoniques européenne et hispanique. Le risque sismique est réel. Vous passerez près du prieuré moyenâgeux de Molhet ruiné par un tremblement de terre en 1428. Reste une partie de son église romane et l’implantation des vieilles maisons comme le souvenir de Chabert de Barbaira.

La roche calcaire de la région s’est formée par sédimentation au fond d’un océan. Elle a été soulevée, plissée, compressée, chauffée par le mouvement et les oppositions de plaques tectoniques. Soluble dans l’eau acidifiée par le gaz carbonique, le calcaire toujours un peu poreux, attaqué par les eaux de pluie, a été creusé en combes et vallées. Il laisse disparaître rapidement les eaux par infiltration ou ruissellement. Un grand réseau de communication des eaux souterraines existe sous vos pieds, en relation avec la surface. Demeure au fond des vallées un risque important d’inondation. L’actualité nous le rappelle trop souvent lors d’épisodes méditerranéens. Nous retrouverons une partie de ses eaux à la Font d’Estramar, dans le Verdouble et l’Agly, fleuve célèbre pour ses débordements.

Chemin faisant, vous vous remémorerez le curé de Cucugnan. Si vous n’êtes pas pressé, le village vaut le détour mais vous vous éloigneriez de la ligne que vous voulez suivre au plus près. Vous seriez surpris par son moulin à vent toujours fonctionnel, ses farines bio, ses pains, son accueil. Son église abrite une des rares statues de Vierge enceinte de France. A quelques pas de l’église, le site aérien de l’ancien château domine la vallée. Il a pu appartenir au Seigneur de Cucugnan qui avait embrassé la foi des bons chrétiens avant que les croisés et l’inquisition ne les fassent disparaître. Vous verrez tout cela depuis les hauteurs. Plus de détails se révéleront avec une bonne paire de jumelles.

Vous aurez une belle vue sur Peyrepertuse, forteresse remaniée par ses propriétaires successifs. Elle a abrité un temps un bâtard du Roi de Castille, Henri de Trastamare, qui avec la complicité du Roi de France, l’appui de Du Guesclin et des grandes compagnies de mercenaires a pu défaire son demi frère, alors souverain de droit, le mettre à mort et prendre le trône en 1369. Nous retrouverons les Trastamare un temps sur le trône d’Aragon après le compromis de Caspe et plus tard Jeanne la folle, fille des rois Catholiques. Ces deux Trastamare ont joint les forces des royaumes de Castille et d’Aragon pour prendre Grenade, financer l’expédition de Christophe Colomb et expulser les juifs d’Espagne. Ce sera en 1492.

Les grandes compagnies n’ont pas laissé de bons souvenirs au milieu du XIVème siècle dans la région. Pillages et exactions se sont succédé dans les Fenouillèdes comme en Roussillon. Ce siècle-là a été d’une grande instabilité. La peste noire n’a rien arrangé. Plus de la moitié de la population a pu disparaître. Des villages et hameaux ont été abandonnés.

Deux siècles plus tard sont apparus les Nyerros. Cervantes leur a fait rencontrer Don Quixote près de Barcelone. Ils se sont livrés à de nombreux trafics et coups de main sur des décennies. Vous passerez au Col de Hierro vraisemblablement mal orthographié. Il rappelle si on baisse un peu la barre au h, le transformant en n, qu’ils étaient là de passage souvent, ou en embuscade, prêts à toutes les alliances ou compromissions, même avec les huguenots. Nous retrouverons plus loin, avant Périllos, cette présence de ces bandits de grands et de petits chemins.

Vous basculerez sur le territoire de Tautavel et retrouverez le Verdouble à l’entrée des gorges de Gouleyrous. De l’autre côté se trouve la Caune de l’Arago. Toujours fouillée, elle livre année après année ses secrets sur la préhistoire. L’homme de Tautavel sera là, à quelques centaines de mètres. Il faudrait y arriver à la nage  avec des eaux  calmes et agréables comme  certains jours de l’été. C’est interdit maintenant. Dommage, c’était rafraîchissant.

Le Mas d’en Cirac sera le terme de cette étape, toujours dans les Pyrénées Orientales, mais aux confins de l’Aude, dans le Razès de Charlemagne, dans un Peyrepertusés historique des comtes de Cerdagne comme de Besalu, dans l’ancien diocèse de Narbonne de l’Ancien Régime, sur la partie aragonaise d’une frontière négociée à Corbeil.

Retour à la fiche étape

Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle