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Vous avez choisi de passer d’un pas soutenu au plus près de l’ancienne frontière. Notre chemin sera le bon. Vous dominerez les ruines de Sainte Marie de Clariana de Jau, proche de la D 14. C’était une abbaye cistercienne dont la maison mère, l’abbaye d’Ardorel, se trouvait près d’Albi. Elle possédait aussi des terres et des granges dans plusieurs villages du Roussillon, Millas, Le Soler, Valbonne, près d’Argelès et le domaine de Jau. Quand vous boirez une bouteille de ce Château (vignes entre Calce, Cases de Pène et Estagel, au bord de l’Agly), ou quand vous traverserez son domaine, car vous passerez là-bas dans quelques jours, vous vous souviendrez de ce monastère près du col que vous quittez. Le monastère est totalement en ruines aujourd’hui. La crise des vocations, les périodes troublées, les guerres de religion et la Révolution Française en ont eu raison. Les accords entre l’évêque d’Elne, le Seigneur de Mosset et l’Abbé de Clariana de Jau ne sont plus d’actualité.

Vous aurez une vue sur la tour de Mascarda. Ce fut une possession des seigneurs de Mosset, dont Les Fenouillet. Ces vicomtes de Canet et d’Ille, seigneurs de Mosset, ont été dépossédés de leurs apanages côté français à cause de leurs engagements auprès des cathares. Maîtres pas tout à fait absolus des forêts et des pâturages, ils percevaient d’après Annie de Pous des droits de pacage dans le Massif des Madres. Les privilèges qu’ils avaient accordés aux habitants de Mosset faisaient que ces derniers pouvaient utiliser le bois pour leur usage personnel, chauffage, construction.

Les nouveaux propriétaires au XIXème siècle, après la révolution ont voulu jouir de leurs nouveaux biens en pleine propriété. Les privilèges avaient été abolis la nuit du 4 Août 1789. Le bilan a été lourd en vies humaines :  deux gardes ont été assassinés et quatre villageois sont morts au bagne de Rochefort. Des accords plus ou moins satisfaisants par la suite ont été recherchés. L’appel aux armes de Counozouls avait eu ce précédent dramatique de l’autre côté du col de Jau. Dans ce village de l’Aude il a trouvé son aboutissement par la création d’un syndicat. Au Donezan, c’est toujours une affaire sensible. Pourtant nous avons lu que sur les terres du Captal de Buch, près de Bordeaux, la population continue, malgré la révolution à bénéficier de certains privilèges. Nous retrouverons ce personnage, fidèle du Roi d’Angleterre, intervenir sur le chemin que vous suivez, à Fitou, à un moment de l’histoire. Un autre titulaire du titre ouvrira les portes du Roussillon et de Cerdagne pour le Roi Louis XI, ce sera Gaston IV, Comte de Foix en 1461. La guerre de cent ans était finie. Les anglais n’étaient plus là

Au col de Jau, laissez Counozouls derrière vous. Un chemin se dessine qui mène au Clot d’Espanya. Pour y arriver, une barrière ne vous empêchera pas de passer. Refermez-la. Respectez les bêtes à cornes. Ne les effrayez pas. Suivez le chemin, carrossable seulement pour les véhicules autorisés, et arrivez à ce Clot d’Espanya. De par son nom, il garde le souvenir de la frontière, comme la Cometa d’Espanya dans le massif du Carlit, comme la Jasse des Espagnols près du refuge d’en Beys. Sur la crête, vous retrouverez les bornes signalées par trois passionnés de Counozouls, dont certaines gravées du V du seigneur qui voulait marquer sa propriété. Leurs coordonnées sont sur le site internet de la commune de Mosset qui vous proposera de découvrir d’autres pierres remarquables en limite de son territoire. Nous vous l’avons précédemment indiqué.

Continuez par un chemin côté Fenouillèdes. Il part à travers bois au Pla Lebat. Il a été réalisé pour l’exploitation de la forêt domaniale de Salvenère. En moins d’un kilomètre vous atteindrez la piste forestière figurant sur les cartes. A la côte 1522, prenez le chemin puis le sentier qui vous mèneront à la Tira Alta, ancien chemin de transhumance étudié par Annie de Pous.

Poursuivez sur le sentier de crête visible sur la carte. Vous aurez 200 m à faire dans l’herbe, plein est ou suivez notre trace GPS pour retrouver le sentier côté Conflent jusqu’au col de la Croix de Marquixanes. Cette croix a pu marquer une limite d’états, de pâturages, de domaines seigneuriaux. Elle a disparu de la mémoire des bergers et résiste aux investigations des passionnés. Vous qui passez par-là, observez les rochers. Qui sait si elle ne se révélera pas à vos yeux !

Vous serez tout près du Roc des quarante croix. Vous bénéficierez d’un très beau panorama si vous vous y rendez mais vous ne verrez pas les croix. Elles se cachent sur un rocher en contrebas, à 400 m au sud-est. Il n’est pas facile à trouver. Plutôt que vous égarer dans un environnement, certes très beau, d’affleurements et d’amas de pierres granitiques où les vaches vous observent, si vous n’êtes pas accompagnés par un connaisseur du lieu ou un comité d’organisation qui vous met sur une autre voie que vous avons explorée, nous vous proposons d’atteindre d’abord le Cortal Gravas par la cote 1221. A ce niveau vous prendrez le chemin qui se dirige vers l’est. Il passe au sud du Pic Roussillon. Si vous souhaitez faire un petit exercice supplémentaire, gravissez-le. Un poste d’observation y a été installé. Vous aurez une belle vue sur le Roussillon, comme sur le Piló del Curat, gros rochers granitiques remarquables et sur le Roc de la Dona qui marque une limite avec les Fenouillèdes.

Vous arriverez en suivant le chemin que nous vous recommandons au lieu-dit Rouyre de Salancas terme de cette étape. Vous serez en pleine nature, près d’une ancienne bergerie certainement fortifiée un temps, mais en ruines à présent. Vous devrez y être éventuellement récupérés par des personnes autorisées. La carte vous montre que vous êtes passés au milieu d’une série de Cortals et la ponctuation d’énormes rochers, le Granitopolis d’Henry Salvayre. Les bergeries sont pour la plupart en ruines. Les bêtes sont toujours présentes. Elles profitent de beaux pâturages et de la présence de sources, aménagées en abreuvoirs par la vigilance et le travail constant des bergers.

Des signes sont visibles sur certains rochers. Nous regrettons Jean Paul Martin. Passionné de l’histoire du lieu, de ses limites, chroniqueur à ses heures, lieutenant de louveterie, il est parti trop tôt et n’a pas eu le temps de nous les faire connaître.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle