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Nous allons vous faire passer aujourd’hui par les confins du Roussillon et des Fenouillèdes, en flirtant avec une ligne de partage conséquence de la croisade contre les Albigeois, la mainmise sur des terres du sud par des seigneurs venus du nord, par la volonté du Pape et l’absolution de bien des crimes et de rapines, considérés comme actes de foi à l’époque pour l’éradication d’une hérésie. Le traité de Corbeil a divisé des terres et des communautés pour les incorporer dans d’autres ensembles qui allaient évoluer différemment, dont les langues allaient évoluer différemment, dans des cadres étatiques plus centralisés, à certains moments contestés, mais ou la féodalité, comme les pouvoirs de l’église, au fil des siècles allaient perdre pied et laisser toujours plus de place à l’état, royauté ou république. Richard Cœur de Lion allait mourir en 1199 du trait d’un seigneur félon à Chalus en Limousin, emportant avec lui les derniers vers écrits en langue d’oc par un roi d’Angleterre. Raymond Lulle, le Doctor illuminatus, majorquin de première génération, issu d’une famille de Montpellier allait écrire dans une langue qu’on appellera Catalan et plus limousi, comme Almodis de la Marche, comtesse de Barcelone, dont nous reparlerons à Leucate.

Sous vos yeux, vous avez les châteaux de Bélesta, celui de Caladroy, encore debout. Celui de Força Real a été miné, détruit suite au traité des Pyrénées.

Ces trois dispositifs de défense, opposés après 1258, ont fait partie du même ensemble. La tour de Montner, tour de Guet, surveillait une Roussillon, dominé au XIème siècle par la famille d’Empurias. Le Roussillon de l’époque ne comprenait ni Ille, ni Estagel, ni Tautavel ni Cases de Pène. Ces trois châteaux, comme ceux des Fenouillèdes et du Peyrepertusés appartenaient ou étaient inféodés aux comtes de Besalu qui avaient mis en place un dispositif de tours de guet remarquable, en lien avec Castelnou, et au-delà. Annie de Pous a bien analysé leurs systèmes de communication.

Pour quitter Belesta, vous prendrez le GRP du tour de Fenouillèdes. Vous passerez par le dolmen et arriverez tout près de Saint Barthélémy de Jonqueroles, village oublié, vaincu par la peste et l’insécurité. Il témoigne avec son arc wisigothique outrepassé de ses origines ibériques, comme à Sournia que vous avez dépassé, comme à Saint Aubin que nous vous signalerons plus loin. Le pic Aubeil sera aussi à quelques pas. Le panorama sera à la hauteur si vous grimpez. Une tour de guet y aurait été signalée.  Au loin, la Tour de Tautavel, le château de Quéribus. Par un bon chemin, vous arriverez au menhir, Peyre Drète, pierre dressée sur le papier de votre carte, mais couchée, depuis de longues années sur le terrain.

Le col de la Bataille ne sera pas loin. La littérature nous y signale un dolmen bouleversé et une croix d’Aragon érodée que nous n’avons pas repérés. Vous êtes sur un autre point de passage entre Royaume de France et celui d’Aragon de 1258, défendu par la fortification disparue de Força Real.

La roche n’est plus la même. Le schiste a remplacé le granit. Vous prendrez le sentier de découverte botanique, qui de touffe de thym en brins de lavande, de ciste en genévrier vous fera grimper jusqu’à la chapelle et aux antennes. Cette chapelle est dédiée à Marie. En 1693, le château construit par Nunyo Sanch quatre siècles plus tôt a été détruit par les nouveaux maîtres. Vauban portait ses efforts sur une nouvelle frontière. Ses fortifications sont reconnues patrimoine mondial depuis 2008 par l’UNESCO.

Mais il y avait les droits sur les terres de ce lieu désarmé, propriétés de la Dame de Millau. Dona Joana Ros, Baronne de Montclar, a autorisé le Révérend François Bobo, prêtre de Pézilla à édifier la chapelle appuyée sur ce qui restait de la vieille tour à signaux tronquée de Montner, vestiges d’une autre souveraineté, celle de Besalu, oubliée. Depuis 1714 les fidèles de Millas et d’ailleurs y viennent en pèlerinage pour essayer de conjurer les orages. Un paratonnerre a-t-il été installé depuis plus fraîche date pour protéger le lieu et ses antennes des foudres de Jupiter ?  Attention à la de la Tramontane là-haut. Jan de France (autre nom de ce vent) est capable de vous y faire valser.

Après le parking, dans le virage de la D 38, vous trouverez le chemin jusqu’à Montner.
Faites-y halte si vos pieds sont fatigués. Mais continuez jusqu’à la Roca de Talo. Vous y découvrirez une magnifique Croix d’Aragon et les armoiries des Montesquieu.

En poursuivant notre itinéraire, vous serez bien vite en vue de Latour de France, village qui portait un autre nom aux références ibériques du temps des Vicomtes de Fenouillet et de leurs suzerains d’outre Pyrénées, Sainte Eulalie de Trignac.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle