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Nous allons au cours de cette nouvelle journée dépasser les bornes d’un temps passé, que des hommes ont voulu inscrire dans le paysage et les mémoires, croix gravée sur un rocher déplacée dans une cour de ferme à Tarerach, meule, vieux repère, récupérée qu’hier vous avez peut-être visité, pilons cimentés à la hâte en 1658, pendant la préparation du traité des Pyrénées. Vous passerez près d’un dans la journée. Une de ces bornes a failli s’évanouir par les pertes de repères des temps présents, en limite d’une vigne de Trévillach. Il y a peu, sur des amas de pierres granitiques, Alain Grieu nous montrait une croix. Pour son père et ses ancêtres c’était une croix d’Aragon frontalière. Nous avons amené sur le lieu Marc Palla, qui par ses écrits et nos rencontres avait pu nous mettre sur d’autres pistes. Il a vu avec cette croix quatre cupules, signe pour lui et pour nous qu’une pierre connue antérieurement, sacralisée dans des temps immémoriaux avait servi dans l’établissement d’une nouvelle sacralité, d’un nouveau pacte entre humains, d’un nouveau traité.

Notre trace GPS vous propose pour sortir de Trévillach de prendre le chemin de la Foun d’Avall. Son eau fraîche et potable permet encore d’arroser quelques jardins et ses tables la réunion de familles et d’amis pour de bonnes grillades. Vous reviendrez pour profiter de l’ombre de son platane et découvrir des endroits où surprennent lamas et alpagas. Ils donnent à l’endroit une touche andine. Pour l’heure vous attendent des chemins de terre assez larges qui desservent des parcelles de vignes. Vous arriverez au Cortal Canté. D’énormes blocs de granit se détachent dans le paysage et participent de sa beauté sauvage.

Passée la D17, vous trouverez un excellent chemin qui entre le Mas Molins et le Mas Batlle vous fera arriver par la Ropidera et El Borboner au Bosc Negre. La carte de la baronnie transfrontalière révèle, tout comme de récents incendies qui ont permis une étude universitaire, une occupation humaine disparue. Sant Feliu de les cases de votre carte est l’église romane de Ropidera. Sa voûte s’est effondrée, tout comme la tour de guet que l’insécurité du XIVème siècle lui avait fait adjoindre. Il en reste un pan. Vous trouverez une autre occasion pour visiter le lieu, en passant par Rodès et son château, une ancienne propriété des Vicomtes de Canet. De là, comme de Mosset, la famille des Fenouillet a pu regarder vers le Nord, vers ce qu’elle considérait comme des terres spoliées et pour lesquelles longtemps, mais en vain elle a intenté procès.

Vous arriverez au Bosc Negre. Là vous prendrez le sentier qui vous fera franchir le Correc de Vallagre, ruisseau qu’il vaut mieux éviter par temps d’orage. Ce sentier vous fera contourner par le nord le Puig Pedros et sa borne frontière maçonnée (bien visible au sommet d’un chaos de blocs granitiques qu’Hercule a dû remuer) et rejoindre le chemin plus facile que nous privilégions. Mais rien ne vous empêche d’y grimper si vos forces et votre entrain vous y invitent.

Vous prendrez le sentier qui part vers le sud et vous fera dominer le Correc de Vallagre à l’Ouest et le Correc de Casesnoves à l’Est. Progressivement, vous atteindrez la vallée de la Têt et ses aménagements hydrauliques séculaires, ses canaux, ses moulins, les vestiges de ses ponts aqueducs moyenâgeux emportés par les furies des eaux, mais aux arches toujours audacieuses et belles dans les gorges de la Guillera. Vous traverserez le village abandonné lui aussi de Casesnoves. L’église est restaurée. Ses fresques romanes, achetées, mises à l’abri, sauvées il y a bien des décennies à Genève. Propriété de cette ville, elles sont visibles dans d’anciens hospices que vous allez bientôt aborder, en passant près d’un lieu où se sont donné rendez-vous les fées autour de leurs cheminées, les Orgues. Régulièrement lessivées elles sont toujours redessinées lors des forts orages méditerranéens. Là plane avec sa légende, la mémoire de la Sibylle, épouse infortunée d’un vicomte violent. Là se trouve le château et la tombe monumentale, visible de loin de la chanteuse lyrique Zélia Vidal , les échos de sa voix et d’une fugue de Camille Saint-Saëns.

A Ille et tout autour vous guideront les vers de Josep Sebastià Pons si vous décidez d’y prolonger votre séjour, dans ses anciens remparts, à l’ombre de son église, de sa tour de l’Alexis, dans le musée de ses anciens hospices, en vous désaltérant à une fontaine, comme à l’Ermitage de Saint Maurice ou au bord d’un canal historique où hommage est rendu à des Espagnols réfugiés que nous ne pouvons pas oublier.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle