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Nous avons évoqué sur votre dernier parcours la famille de Fenouillet. Faydits, ils ont trouvé refuge en Aragon et accompagné le Roi dans ses campagnes de reconquête dans la péninsule ibérique. L’un d’eux, près de Valence y a laissé la vie. Petit à petit, les descendants des Fenouillet, avec la confiance des Rois de Majorque et d’Aragon ont reconstitué une vicomté à la limite de leurs anciennes terres sans toutefois parvenir retrouver leurs anciens domaines d’Axat ou de Saint Paul. D’autres dans le secteur ont réussi à faire prospérer un temps une baronnie transfrontalière, celle de Joch-Rabouillet. Les Peyreperthuse, aussi seigneurs de Counozouls, de Prats de Sournia, Cucugnan, Soulatge et autres lieux l’ont dirigée. Certaines terres que vous aller fouler, des bois que vous allez traverser ont aussi pu appartenir à l’ordre du Temple. Cet ordre était encore fort au moment du traité de Corbeil. Il était fort aussi de la confiance du Roi d’Aragon qu’il avait protégé dans son enfance et aidé dans son entreprise de reconquête de l’Espagne musulmane. Plus tard, sous un autre nom, celui d’Ordre du Christ puisque l’Ordre du Temple à partir de 1312 allait être interdit, ses chevaliers allaient aider le Roi du Portugal et Henri le Navigateur.  Tout leur savoir, leur expérience de la navigation et l’établissement de cartes développés à Majorque allaient être transférés. Ce transfert allait permettre la réussite d’une autre entreprise. Leurs voiles marquées du même signe que la borne du col de Jau allaient atteindre l’Inde, la Chine, le Japon et le Brésil. Ce sera deux siècles plus tard. C’est une autre histoire mais elle est liée aux chemins que vous empruntez.

Sournia où vous allez arriver en fin d’étape, outre la présence des templiers, a d’autres liens avec l’Espagne. Ses églises wisigothiques sont le témoignage de communautés anciennes fuyant un autre ordre, ou comme à Sainte Colombe des Cabanes, des persécutions dans la péninsule. Pareilles communautés ont été autorisées depuis Charlemagne et Louis le Pieux à s’installer sur les terres de leur Marche d’Espagne à condition de mettre en valeur un pays dépeuplé et de participer à la défense du territoire. On trouve au nord des Pyrénées un petit nombre de chapelles à l’arc outrepassé, à l’abside désaxée par rapport à l’axe de la nef, signifiant la présence du crucifié. Il en est une que nous vous signalerons à la fin de votre périple près de Fitou qui mérite un petit détour. Là aussi nous retrouverons la présence du Temple.

Vous prendrez d’abord le sentier qui vous conduira au lieu dit Cortal de la Peiralada, c’est le GRP du tour des Fenouillèdes. Notre trace GPS est une invitation pour un détour non obligatoire par le Pic du Roussillon frontalier. Vous trouverez un bon chemin carrossable heureusement plus emprunté par les bergers circulant aujourd’hui en 4X4 que par les pompiers. Il vous fera retrouver le GRP et vous conduira au lieu dit, Rouyre de Salancas. Les bêtes à cornes sont nombreuses dans le secteur. Les prairies sont bien humides. Dans cet environnement, les affleurements de granit, d’énormes blocs chaotiques donnent avec les genêts en fleurs et les tapis de cistes un caractère merveilleux. La présence dans le secteur d’un des plus beaux dolmens, celui du Col de Tribes, aux limites du Conflent, avec vue superbe sur le Canigou de Flor de Neu, de Bernard Taillefer et de Jacint Verdaguer sublime le lieu. Hercule n’a pu que passer par là avec ses taureaux ibériques de combat. Annie de Pous signale dans son travail sur le chemin de transhumance que vous avez traversé et suivi par endroits sur les crêtes une croix à la limite de Molitg et de Rabouillet. Un livre récent, Granitopolis, d’Henry Salvayre, présente toutes les facettes de ce merveilleux, puisant dans la géologie, la préhistoire, l’histoire et de belles photographies sa quintessence.

Vous continuerez à suivre le GRP tour des Fenouillèdes. Vous aurez à votre gauche les ruines d’une vieille mais toujours imposante bergerie qui a pu être fortifiée. Aujourd’hui ruinée, elle se situe à la limite d’une importante chênaie. Vous traverserez en descendant une forêt aux essences multiples. Si vous avez de la chance et si vous êtes attentif vous surprendrez ici et là un lièvre ou un chevreuil. La dernière fois que nous sommes passés, des chercheurs de champignons semblaient y être à leur affaire.

Vous arriverez à Sournia, riche de son moulin, de son écomusée, de ses églises préromanes, de son vieux château réarmé par le Roi de France. Autour, d’autres chapelles, le souvenir des templiers, d’anciens ponts moyenâgeux ou romains, la Désix seront autant d’invitations pour prolonger votre séjour.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle