Retour à la fiche étape

L’itinéraire d’aujourd’hui vous fera quitter le Capcir, son dernier verrou militaire aragonais et espagnol pour traverser une partie du Donezan, terre de jure aragonaise et espagnole jusqu’en 1659, mais administrée, par le comte de Foix, usufruitier de droit, depuis 1208. Ce comte, roi en titre de Navarre est devenu Roi de France en 1589. Vous pouvez vous étonner de pareille situation, mais il a existé, nous l’avons mentionné au début de votre cheminement, des zones à souverainetés partagées. Il en existe encore dans les Pyrénées. La notion de frontière comme limite d’états a tardé à s’imposer ici, l’évêque d’Urgell, coprince d’Andorre était évêque de toute la Cerdagne jusqu’à la révolution française quand le Capcir aragonais ou espagnol avait son évêque à Alet. Il a existé une baronnie transfrontalière sur des terres du Conflent et des Fenouillèdes historiques que nous évoquerons ailleurs. Des biens d’églises, d’abbayes comme Sainte Marie de Jau, de monastères comme Saint Michel de Cuxa ou Lagrasse, pouvaient être transfrontaliers et à souverainetés partagées. Nous reparlerons d’Estagel lors d’une autre étape. Nous avons vu les pâturages du Pla de Bones Hores où les vaches sont toujours espagnoles. Il est un petit territoire au Pays Basque où les vaches, les factures d’électricité, la poste et les allocations familiales sont françaises, les impôts fonciers et les services de police espagnols. Il s’agit du pays Quint.

Le Donezan, très peu peuplé, a bénéficié d’un statut particulier et d’usages locaux qui ont permis à la population de vivre presque en autarcie, d’être éventuellement jugée sur place, loin et oubliée du souverain de Jure, séparée pendant des mois du Comte de Foix par la distance et les chemins enneigés. La région a subi les bouleversements liés à la croisade contre les Albigeois. Le château d’Husson très proche de votre parcours a servi pour quelques seigneurs et chevaliers faydits de base d’appui pour secourir les cathares assiégés de Montségur. Mais leurs efforts n’ont pas suffi. La cause a été perdue même si quelques parfaits ont pu être sauvés.

Vous quitterez Puyvalador en passant d’abord par la statue menhir de Caramat. Vous rejoindrez le col des Ares par le chemin de Vauban. Près du col vous seront signalées des pierres gravées. Vous serez sur un bornage effectué pour le Roi de France. Les révolutionnaires occupés ailleurs ont oublié d’y piquer comme exigé l’emblème de la royauté à un moment honnie. Ce même chemin vous fera arriver à Quérigut, entre le château et la gendarmerie. Anciennement propriété du Roi d’Aragon, il a été dévolu au comte de Foix dès 1208. En 1589, pendant les guerres de religion en France, sur les terres du Comte de Foix, Roi de Navarre, protestant notoire qui allait devenir Roi de France et catholique sous le nom d’Henri IV, il a été pris et brûlé. Irréparable (le Conseil d’Etat aurait interdit à Richelieu de le réarmer), le château a servi par la suite de carrière de pierres. Ne subsiste que le donjon que vous pouvez visiter en passant.

Vous quitterez Quérigut et irez à Carcanières en prenant le GRP Tour du pays de Donezan ou en continuant sur le chemin de Vauban. Après le Soula, au lieu dit le Christ, vous prendrez le chemin à droite puis après quelques mètres, le sentier bien différencié sur la carte. Il vous mènera à la côte 1071. Vous serez alors sur une petite route, la D25 qui par un pont vous fera franchir l’Aude aux Bains de Carcanières. Attention à la circulation quand vous traverserez la D 118 pour rejoindre le chemin presque en face du pont, à droite vers l’aval. Il vous fera arriver à Escouloubre en longeant la D17 et finira par s’y confondre en rencontrant le goudron. Vous terminerez l’étape sur l’asphalte. Vous saurez puisque vous passez par là que son seigneur, Bernard de Sauton a été brûlé pour hérésie cathare en 1259 à Perpignan, en présence de Jacques Ier, Roi d’Aragon dont le père était mort à Muret en 1213, tué par les croisés commandés par Simon de Monfort. Les temps à grand coups d’anathèmes avaient changé.

Retour à la fiche étape

Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle