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La randonnée d’aujourd’hui vous conduira à Latour de Carol. Vous longerez la vallée du Carol en prenant la variante du GR 107 qui passe non loin de cette rivière de montagne. Les truites que vous pourrez apercevoir seront pour une autre occasion dans votre assiette. Vous passerez par Porta, Carol, franchirez la rivière de Campcardos. Vous arriverez à Carol et ses tours. Il vous reste du chemin. Vous traverserez quelques hameaux et arriverez enfin  à Latour de Carol.

La vallée dans laquelle vous êtes engagés constitue un grand axe de communication entre la Cerdagne la vallée de l’Ariège, porte de l’Andorre, de l’ancien comté de Foix, de l’Aquitaine. C’est toujours une importante voie d’échanges et de circulation  facilités par la voie ferrée, la route et les tunnels sous le Puymorens. Les marchandises passent par là, les touristes aussi, estivants, skieurs, pêcheurs ou randonneurs comme vous. Porte d’entrée pour d’honnêtes marchands, les trafiquants, les envahisseurs, les pillards ont su la prendre aussi. Les sarrasins, malgré le mariage en 725 de Lampégie et Munuza, sont passés par là. Ils ont submergé les forces du Duc Eudes d’Aquitaine et sont arrivés à Toulouse, Bordeaux et Poitiers. Les francs de Charles Martel puis de Charlemagne ont vite pris le chemin dans l’autre sens mettant sur le reculoir arabes, berbères et basques plus ou moins islamisés, leurs alliés qui ont fait tomber Roland à Roncevaux.

Plus tard, Vers 1580 le château Puigcerdà a été attaqué par les Nyerros et des huguenots qui sont passés quelque part. Il faut dire qu’alors, cette zone de frontière a été disputée entre deux bandes rivales de bandits à la solde de seigneurs de Cerdagne et du Roussillon peu regardants sur la religion. Les Nyerros, affidés au Seigneur de Nyer et de Banyuls, et les Cadells, leurs ennemis jurés, aux ordres du Seigneur d’Arséguel, en Cerdagne aujourd’hui espagnole. Les instabilités des deux côtés des Pyrénées, les guerres civiles et de religion, les situations insurrectionnelles des XVIème et XVIIème siècles ont favorisé leurs trafics d’armes et de chevaux comme les attaques de diligences chargées de l’or de l’Amérique en transit vers le royaume de Naples, alors inclus dans l’ensemble aragonais et espagnol. Cervantes les a invités dans son roman chevaleresque. Nous en reparlerons si vous passez par Quéribus ou le col de Ladas entre Nouvelle et Périllos. Mais ces pratiques de guerres privées étaient héritées d’un autre temps, celui qui autour de l’an 1000 avait vu l’affaiblissement des centralités mises à mal par les raids normands et sarrasins. En Provence, le massif des Maures, Ramatuelle gardent avec leurs noms la mémoire de cette époque troublée de prises d’otages, de rançons, de brigandages. Dans une grande instabilité la tentative de reprise en main a eu lieu nous l’avons déjà évoqué, d’abord par les voies du sacré, l’affirmation de l’autorité de l’Église et du Pape, les croisades, les ordres combattants, dont l’idéal jamais atteint se cristallisera dans l’œuvre de Raymond Lulle.

Sur votre parcours, vous remarquerez l’ancien château de Carol avec ses deux tours ruinées.
Les troupes de Louis XI l’ont occupé dès 1463. Elles se sont installées en Cerdagne à la demande du Roi d’Aragon Jean II qui faisant fi des usages et du droit avait besoin d’argent pendant la guerre civile catalane. Ce château a été récupéré par Ferdinand d’Aragon en 1493. Il a été neutralisé et démoli après le traité des Pyrénées quand des bandes armées pouvaient contester les nouvelles autorités.

Cette vallée est parcourue par des réseaux de sentiers qui feront votre bonheur de randonneur pour aller vers l’Espagne, l’Andorre, le massif du Carlit et le Capcir. Il a servi les passeurs pendant le dernier conflit mondial pour contourner les contrôles allemands et ceux de Vichy. Nous vous recommandons la lecture des témoignages d’Antoine Cayrol à ce propos, « Finestrals d’un « et le livre d’Hector Ramonatxo, « Ils ont franchi les Pyrénées ». Des panneaux seront présents sur votre itinéraire qui évoqueront « Les chemins de la Liberté » . Des personnages fort divers ont contribué à la libération, des curés à Dorres et Puigcerdà, des médecins, des gendarmes, des fonctionnaires, des bergers, des réfugiés espagnols. Ils ont tous uni leurs efforts pour que le renseignement, le résistant, civil ou militaire, l’aviateur, le juif passent. Ces réseaux ne se sont pas créés ex-nihilo. Certains avaient œuvré quand l’Espagne républicaine sombrait pour exfiltrer ou livrer des matériels non autorisés. Jean Moulin avait coordonné certaines actions illégales dans le secteur avant 1940 quand André Malraux volait au-dessus de l’Espagne pour aider les républicains.

En suivant la variante du GR 107, vous arriverez à Latour de Carol et sa gare internationale. Ce sera le terme de l’étape. Prenez un peu de temps pour visiter l’Église Saint Fructueux d’Iravals classée monument historique.

On voit dans le secteur des vaches ou des chevaux à la belle saison. Les pistes de ski ne sont pas loin. Les anciennes mines non plus. Il se peut que vous ayez la chance d’apercevoir une biche, des isards ou quelques mouflons. Un tunnel routier a été creusé sous vos pieds pour faciliter à ce niveau la circulation entre l’Espagne, l’Andorre, Foix, Toulouse et l’Aquitaine

Vous rejoindrez Porté-Puymorens toujours par le GR 107, passerez El Castell. C’est un vieux château ruiné qui contrôlait le passage pour le compte du seigneur local, du roi de Majorque ou du roi d’Aragon suivant les époques. Vous remonterez le sentier des gorges de la Fou et arriverez alors bien vite au camping, terme de votre étape.

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Bernard d’Alion

Bernard d’Alion, marié en 1236 à Esclarmonde de Foix morte parfaite cathare, rattrapé par l’inquisition, condamné pour relapse le 3 septembre 1258, est mort brûlé sur un bûcher le lendemain 4 septembre, place de la Canorga à Perpignan.   (Il me semble avoir lu que ce fut même devant l’évêque d’Elne, … quelle fête !)

(Place de la Canorga : place actuelle de la Révolution Française.)

précisions Michel Grosselle