Cette étape, sans doute la plus longue que nous vous proposons requiert des qualités physiques et une bonne préparation. Le parcours passe par de la haute montagne pyrénéenne. Surveiller la météo et ne s’engager bien équipé que si les conditions sont favorables. Nous proposons un autre itinéraire par Llivia moins contraignant physiquement.
A Porté, vous prendrez la route des lacs. Votre objectif premier sera de rejoindre le lac du Lanoux. Vous arriverez au lieudit Camps de la Costa et suivrez le GR 7 auquel votre carte donne à ce niveau plusieurs noms. C’est aussi le GR 107 C et le GRP Tour du Carlit. Vous dominerez durant votre cheminement le lac du Passet puis l’étang de Font Vive. Il n’est pas rare de surprendre dans ce secteur des isards. Vous pouvez aussi parfois apercevoir un mouflon, une biche avec son faon ou un cerf.
Arrivé au Lanoux, prenez un moment pour contempler le paysage. La tentation de pêcher quelque truite avec un bout de fil et une sauterelle sera grande. Résistez. Les gardes ont de bonnes jumelles. Vous dépasserez le lac en suivant toujours le même sentier, le GR 7. Remarquez sur votre carte que la topographie vous indique une présence probable d’isards : Castell dels Isards. Avec ou sans télescope monoculaire, regardez à un moment dans cette direction. Mais les isards peuvent être partout et un lagopède peut vous surprendre à tout moment à 20 ou 30 mètres.
A la cabane de Rouzet, vous suivrez le GR 10. Par la Portella de la Grava à 2426 m il vous fera basculer sur l’Estagnol et rejoindre le rec de la Grava. A ce niveau, vous serez sous le Puig de la Cometa d’Espanya. La topologie garde la mémoire de l’ancienne frontière. En 1258 c’était celle du royaume d’Aragon et du comté de Foix. Continuez sur le sentier il longe le ruisseau. Suivez-le, vous ne pouvez pas perdre la Têt. Elle remplit de ses eaux le lac des Bouillouses dont l’énergie depuis des lustres fait grimper le Train Jaune de Villefranche de Conflent jusqu’à Latour de Carol.
Suivez toujours le GR 10. Vous contournerez le lac des Bouillouses par l’ouest, direction plein sud. L’hôtel de Bonnes Hores sera une halte bienvenue. Vous aurez d’autres possibilités d’hébergement sous le barrage. Soyez prudents, pensez à réserver.
Vous vous trouvez dans une zone à statut particulier, l’herbe que vous foulez ici est destinée au régal exclusif des vaches de Llivia, ville historique s’il en est, restée espagnole suite au traité des Pyrénées. Elle a conservé ses droits de pacage tout près au Pla de Bones Hores et autour. De même, elle a conservé son bois que vos cartes mentionnent un peu au sud du lieu de votre hébergement, à cheval sur les territoires de Bolquère et d’Angoustrine.
Cette zone est un carrefour de chemins de montagne des bergers depuis le néolithique. Ça et là sur des rochers, ils ont laissé quelques traces. Ce réseau de sentiers a servi pendant le dernier conflit mondial à des passeurs courageux. Grâce à eux des résistants, des personnes menacées, des pilotes canadiens, anglais ou polonais ont franchi les montagnes et continué le combat. Nous vous signalons deux livres, « Finestrals d’un capvespre » de Jordi Pere Cerdà et « Ils ont franchi les Pyrénées » d’Hector Ramonatxo . Pour vous aider, à cette altitude autour de 2000m, à passer une bonne soirée, nous vous en signalerons un autre plus accessible.